Prestashop a longtemps été perçu comme la meilleure solution e-commerce en Tunisie. Un CMS open-source, français, simple à prendre en main, rassurant pour les commerçants… et surtout maîtrisé par un grand nombre d’agences locales. Pendant plus de dix ans, il a dominé le marché, porté par une promesse de stabilité, d’autonomie et de performance.
Mais cette promesse ne tient plus.
Chez Novatis, nous avons été les premiers à déployer Prestashop dans des projets tunisiens dès 2008. Nous l’avons testé, diffusé, maîtrisé, et même indirectement enseigné à toute une génération de développeurs et d’agences. Nous savons donc de quoi nous parlons. Et si nous avons cru très fort à ce CMS à une époque, nous ne pouvons plus le recommander aujourd’hui sans un avertissement très clair.
Mises à jour destructrices, failles de sécurité en hausse, marketplace instable, faux experts, dépendance aux modules… Prestashop est devenu un piège technique pour beaucoup d’entreprises tunisiennes.
Dans cet article, nous allons vous expliquer pourquoi il a fonctionné en Tunisie, pourquoi tout s’est effondré, quelles sont les alternatives réalistes, et surtout ce que vous risquez en 2025 si vous persistez dans cette voie sans accompagnement sérieux.
2008-2016 : Pourquoi Prestashop a conquis la Tunisie (et comment Novatis a ouvert la voie)
En 2008, le paysage du e-commerce tunisien ressemblait à un terrain vague. La majorité des agences utilisaient encore Joomla couplé à VirtueMart, OSCommerce, voire du développement maison artisanal, souvent instable, peu sécurisé, et très rigide. Les marchands n’avaient pas réellement le choix. C’est dans ce contexte que Novatis a fait un pari technique audacieux : tester un CMS e-commerce français, encore peu connu en Tunisie, mais prometteur — Prestashop.
Dès les premières versions (1.3 puis 1.4), l’équipe R&D de Novatis identifie le potentiel. La version 1.5, puis rapidement la 1.6.0, marquent un tournant : Prestashop offre une interface claire, un back-office intuitif, des fonctionnalités e-commerce natives et surtout… une autonomie rare à l’époque pour les commerçants. Novatis lance les premiers sites Prestashop du pays. Et les résultats sont là : des boutiques fonctionnelles, simples à gérer, avec un vrai sentiment de contrôle côté client.
L’impact ne s’arrête pas là. Au fil des années, de nombreux développeurs ayant travaillé chez Novatis — ou formés en interne — diffusent ce savoir-faire dans tout le pays. Certains montent leur propre agence, d’autres deviennent freelances spécialisés. Sans le vouloir, Novatis devient une pépinière Prestashop pour toute la Tunisie, posant les bases d’un écosystème local.
Pourquoi Prestashop a-t-il pris aussi vite ? Parce qu’il cochait toutes les cases du marché tunisien :
- Une interface en français, essentielle pour un pays non anglophone
- Une prise en main rapide, même sans bagage technique
- Peu de modules à installer pour lancer un site de base
- Aucune faille critique notable entre 2010 et 2017
- Un sentiment de sécurité : les sites n’étaient ni piratés, ni instables
À l’époque, Prestashop était une solution idéale pour des projets mono-langue, mono-devise, sans intégration externe complexe (ERP, PIM, etc.). Il rassurait les commerçants, facilitait le travail des agences, et ne coûtait pas une fortune.
Mais ce succès, bâti sur la simplicité, la stabilité et l’autonomie… a fini par se retourner contre lui.
Version 1.7, puis 8, et bientôt 9 : jusqu’où ira la casse programmée ?
Lorsque la version 1.7 de Prestashop est sortie en 2016, elle a été présentée comme une avancée “moderne”. En réalité, elle a marqué la rupture brutale avec tout ce qui avait fait le succès de la version 1.6. Plus qu’une mise à jour, c’était une refonte forcée, avec son lot de casse : thèmes obsolètes, modules incompatibles, base de données non migrable proprement, et une nouvelle logique de template (Symfony + Twig) difficilement maîtrisable pour les développeurs tunisiens habitués à Smarty.
En Tunisie, des dizaines de commerçants ont été pris au piège. Pensant pouvoir faire une mise à jour mineure, ils ont été contraints de refaire leur site de zéro, parfois à grands frais. Et ce schéma n’a fait que s’aggraver avec la version 8, sortie fin 2022 : nouveaux bugs, nouvelle casse, mêmes conséquences.
Pire : la version 9 est déjà annoncée, sans rétrocompatibilité claire, sans engagement de stabilité. Ce rythme effréné de “pseudo-évolutions” a transformé Prestashop en un cycle infernal :
- Vous mettez à jour ? Le site se casse.
- Vous ne mettez pas à jour ? Vous devenez vulnérable.
- Dans les deux cas, vous payez. Encore. Et encore.
Chez Novatis, nous avons accompagné des clients qui ont investi plus de 10 000 D dans une boutique Prestashop 1.6 entre 2015 et 2017. En 2020, on leur propose une refonte vers la 1.7. En 2023, leur site devient à nouveau obsolète avec la version 8. En 2025, on leur parle déjà de tout recommencer ?! Ce n’est plus un projet web : c’est un abonnement à la douleur.
Et contrairement à d’autres CMS modernes, Prestashop ne propose aucune politique de mise à jour progressive, aucun rollback natif, aucun outil officiel de migration fiable.
Résultat : à chaque version, ce sont des centaines de commerçants, en Tunisie comme ailleurs, qui se retrouvent à payer pour reconstruire un site… simplement pour “rester à jour”.
Faux sentiment de sécurité : Prestashop est-il toujours fiable en 2025 ?
Pendant des années, Prestashop a profité d’une réputation de CMS “sûr” : peu de piratages, pas de failles majeures, et un fonctionnement stable sur des hébergements classiques. En Tunisie, cette image a largement contribué à son adoption : le commerçant cherchait la tranquillité, pas la performance absolue. Prestashop cochait la case “zéro problème”.
Mais ce sentiment de sécurité est aujourd’hui un piège.
Chez Novatis, nous avons récemment mené plusieurs audits de sécurité poussés sur des sites Prestashop tunisiens — dont certains développés par d’autres agences. Résultat : plus de 70 % des boutiques analysées présentaient des failles critiques, souvent invisibles pour le commerçant, mais exploitables en quelques secondes par un attaquant. Ces failles se trouvaient :
- Dans des modules non maintenus, parfois achetés sur la marketplace officielle
- Dans des thèmes mal codés, avec des injections possibles (XSS, SQLi, CSRF…)
- Dans des overrides non documentés, qui modifient des classes cœur sans contrôle
Le plus inquiétant ? Même après désinstallation d’un module, des traces restent actives : fichiers override, entrées en base de données, hooks modifiés… Un module mal conçu peut continuer à compromettre le site même s’il est désactivé.
Et pourtant, Prestashop ne fournit aucun outil officiel de nettoyage complet. Pas de scanner natif, pas d’alerte de vulnérabilité, pas de processus clair de rollback. Le marchand croit que son site est sain, alors qu’il est parfois déjà infecté — en silence.
En 2024, nous avons vu un pic alarmant d’injections de redirections malveillantes (vers des sites russes ou chinois), d’attaques en force brute sur le back-office, et de détournements de modules de paiement. Des sites tunisiens fonctionnels du jour au lendemain redirigeaient vers des pharmacies illégales ou des casinos en ligne.
Pourquoi cette explosion ?
- Parce que les modules sont rarement vérifiés sérieusement par Prestashop
- Parce que les développeurs locaux ne savent pas toujours détecter ces failles
- Et surtout, parce que la structure même du CMS est devenue trop perméable
Ce n’est pas juste un problème de plugin mal codé. C’est un problème de conception.
Les “Experts Prestashop” ? Une certification qui s’achète
Si vous êtes commerçant en Tunisie, vous avez probablement déjà croisé ce fameux label :
“Expert Prestashop”.
Ça sonne sérieux. Rassurant. Professionnel.
Mais en réalité, ce badge n’a aucune valeur technique réelle.
Pour l’obtenir, il ne faut ni passer un examen complexe, ni prouver qu’on a déjà livré un projet stable sous Prestashop. Il suffit de :
- Payer un abonnement mensuel d’environ 100 €
- Répondre à un quiz automatique, sans évaluation du code
- Apparaître comme “partenaire certifié” sur le site officiel
C’est tout.
Et cette illusion coûte cher. De nombreux commerçants tunisiens ont confié leur boutique à des soi-disant “Experts Prestashop”… pour se retrouver avec un site lent, instable, truffé de modules incompatibles, ou pire, impossible à maintenir après quelques mois.
Le problème n’est pas que tous ces prestataires sont incompétents — certains sont bons. Mais le badge ne prouve rien. Il ne filtre pas. Il ne garantit rien. Il n’est pas basé sur des audits réels, ni sur des retours clients. C’est une étiquette achetée. Un argument marketing, pas une certification technique.
Chez Novatis, nous avons souvent été appelés en urgence pour reprendre des projets confiés à des “experts certifiés” qui avaient abandonné le client ou laissé un code impossible à déboguer. Et dans presque tous les cas, le client nous disait :
“Mais on l’a choisi parce qu’il avait le badge officiel…”
Nous avons préféré, dès le départ, ne pas acheter ce badge, car notre expertise ne se paie pas en ligne. Elle se prouve sur le terrain.
Prestashop entretient volontairement cette confusion. Il valorise les agences “dociles”, qui restent dans sa logique commerciale, et laisse en marge ceux qui, comme nous, dénoncent les failles de fond du CMS.
Alors posez-vous la bonne question :
Avez-vous besoin d’un développeur labellisé… ou d’un partenaire compétent qui va protéger votre projet ?
Le piège tunisien : dépendance totale, sans vraie expertise locale
Prestashop, sur le papier, promet autonomie, personnalisation, liberté.
Mais en Tunisie, la majorité des projets sont aujourd’hui enfermés dans un modèle de dépendance technique totale.
Pourquoi ? Parce qu’en dehors de quelques agences structurées comme Novatis, il y a très peu de développeurs réellement capables de maîtriser Prestashop dans sa profondeur :
- Peu savent écrire un module propre sans override destructeur
- Peu savent corriger un bug lié à une mise à jour cœur
- Presque aucun ne connaît la structure interne de la base de données de manière fine
Résultat ?
Un commerçant tunisien qui veut simplement :
- Ajouter un champ dans sa fiche produit
- Modifier le tunnel de commande
- Gérer plusieurs transporteurs ou des prix dégressifs
👉 doit faire appel à un prestataire, qui lui facturera un développement sur mesure, souvent fragile…
Et parfois ce développement sera refait entièrement à la prochaine mise à jour.
Pire : si le développeur disparaît, personne ne veut reprendre le projet. Trop risqué, trop de dépendances, trop d’overrides, trop de modules mal documentés.
Le site devient une boîte noire.
Chez Novatis, on voit tous les mois des clients qui viennent nous dire :
« Mon développeur ne répond plus. Est-ce que vous pouvez reprendre mon Prestashop ? »
Et notre réponse est souvent :
« On peut… mais ça coûtera presque autant que de tout refaire. »
Ce n’est pas une fatalité technique. C’est une erreur de stratégie.
Prestashop n’est pas conçu pour fonctionner sans expertise continue.
Ce CMS suppose que vous êtes entouré d’un ou plusieurs développeurs compétents, formés, stables, qui suivent le projet dans le temps. En Tunisie, cette ressource est rare, instable ou… très chère.
Donc à moins d’avoir une vraie équipe en interne ou un partenaire solide comme Novatis, vous risquez de vous retrouver dans une situation connue :
vous possédez un site… mais vous n’en êtes plus maître.
Les alternatives réalistes pour la Tunisie en 2025
En Tunisie, de nombreux commerçants continuent d’utiliser Prestashop par habitude. Pourtant, les retours d’expérience montrent une réalité différente : instabilité, surcoût, dépendance aux modules. La question n’est plus “Est-ce que Prestashop fonctionne ?” mais “Est-ce qu’il est encore le bon choix pour mon projet ?”
Voici les alternatives sérieuses que Novatis propose en 2025, en fonction du type de besoin, du budget et de la capacité technique du client.
WooCommerce
WooCommerce est aujourd’hui la solution e-commerce la plus utilisée dans le monde, et de loin la plus adaptée au marché tunisien. Elle repose sur WordPress, ce qui facilite la gestion de contenu, le référencement naturel et l’administration du site. Elle est idéale pour lancer une boutique simple, multilingue, bien référencée, et surtout facilement évolutive sans dépendre de développeurs externes à chaque modification.
De nombreux plugins sont gratuits ou très abordables, et les thèmes sont mieux maintenus que sur Prestashop. En cas de mise à jour, il n’est pas nécessaire de tout reconstruire.
Exemples de marques internationales utilisant WooCommerce :
- Weber (fabricant de barbecues)
- Singer (machines à coudre)
- Marshall (amplificateurs audio)
OpenCart
Moins connu que WooCommerce, OpenCart reste une solution simple, rapide à mettre en œuvre et suffisante pour des besoins e-commerce très basiques. L’interface d’administration est légère, la structure est claire, et il est possible de lancer une boutique fonctionnelle en quelques jours.
Cependant, l’écosystème est limité. L’interface est vieillissante, peu adaptée aux attentes actuelles en UX/UI, et la communauté est moins active que celle de WordPress.
Exemples de marques utilisant OpenCart :
- British Red Cross (boutique solidaire)
- LATICCI (produits alimentaires)
Magento
Magento est un CMS extrêmement puissant, pensé pour les grandes entreprises avec des besoins avancés : gestion multicanal, connecteurs ERP, multi-stock, profils utilisateurs complexes. Mais il est clairement surdimensionné pour la majorité des commerçants tunisiens.
Il nécessite un serveur dédié, une équipe technique capable de le maintenir et un budget conséquent. Très peu de développeurs locaux maîtrisent Magento correctement.
Exemples de marques internationales utilisant Magento :
- Nike (équipement sportif)
- Canon (électronique)
- Coca-Cola (produits dérivés)
Sylius
Sylius est, selon nous, la meilleure solution e-commerce au monde pour des projets sur-mesure. Il repose sur Symfony, adopte une architecture claire, modulaire, sécurisée et parfaitement extensible. Il permet de construire des projets e-commerce complexes sans tomber dans les limitations d’un CMS classique.
Mais cette puissance a un prix : un vrai projet Sylius demande une analyse fonctionnelle précise, une équipe expérimentée et un budget réaliste. En Tunisie, cela signifie un investissement de départ autour de 25 000 dinars.
Exemples de marques utilisant Sylius :
- Linvosges (linge de maison)
- Françoise Saget (linge et accessoires)
Il n’existe pas de CMS “magique” valable pour tout le monde. Chaque projet doit être analysé en fonction de ses objectifs, de ses ressources et de son évolution prévue. Le rôle d’une agence sérieuse n’est pas de vendre la solution qu’elle connaît, mais de recommander celle qui vous évitera les pièges dans deux ou trois ans.
La position officielle de Novatis en 2025
Chez Novatis, nous avons longtemps accompagné des centaines de commerçants tunisiens sur Prestashop. Nous connaissons les pièges, les frustrations, les limitations. En 2025, notre position est claire :
- Nous ne recommandons plus Prestashop pour les nouveaux projets sauf cas très spécifiques et justifiés.
- Nous privilégions WooCommerce pour 80 % des e-commerçants tunisiens : fiable, flexible, facile à maintenir et à référencer.
- Nous réservons Sylius aux projets complexes, nécessitant une solution sur-mesure à forte valeur ajoutée.
- Nous déconseillons fortement Magento à tous les clients qui n’ont pas une équipe technique interne et un budget supérieur à 100 000 TND.
- Nous restons ouverts à d’autres solutions si elles répondent à un cahier des charges cohérent.
Cette position n’est pas dictée par la mode, mais par 15 ans d’expérience concrète en Tunisie, en France, et à l’international.
Nous préférons dire non à un projet Prestashop bancal plutôt que de générer un client déçu dans 6 mois. Notre rôle est de bâtir des solutions pérennes, pas de céder aux habitudes.
Pour aller plus loin : 15 ans d’expérience Prestashop, sans filtre
Si vous envisagez encore Prestashop pour votre boutique en ligne, ou si vous êtes déjà coincé avec une version obsolète et un site instable, ne prenez pas votre décision à la légère.
👉 Nous avons publié un retour d’expérience complet, honnête et sans concessions, basé sur 15 années d’utilisation intensive de Prestashop, dans des dizaines de projets en Tunisie et en France. Vous y découvrirez :
- Les failles structurelles du CMS ;
- Les pièges à éviter absolument en 2025 ;
- Les alternatives concrètes selon votre profil marchand ;
- Des conseils opérationnels que personne ne vous donne.
➡️ Lire l’article complet : Prestashop — Retour d’expérience après 15 ans d’utilisation intensive
Ne laissez pas un mauvais choix technique plomber votre croissance. Prenez le temps de comprendre ce qui vous attend réellement.